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madame mim
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madame mim
2 avril 2010

De l'amitié

fev2010_062Une petite tempête est venue me faire trébucher, il y a quelques jours, par mon amie d'enfance, celle des premières confidences et des bêtises d'ado. Celle dont je me suis si souvent dit que, si nous rencontrions maintenant, nous ne deviendrions pas amies. Celle que j'ai suivie envers et contre tout, malgré les divergences fondamentales de notre regard sur la vie. Celle dont le gouffre entre le discours et les actes m'agace depuis si longtemps. Celle dont je me suis toujours gardée de juger les choix, même si son bonheur (dont je me réjouis) fut au prix de terribles souffrances pour d'autres personnes que j'aime. Celle pour qui les valeurs fondamentales sont, aujourd'hui, le culte de la performance, de l'apparence, de la réussite matérielle, des choses qui me paraissent bien secondaires, même si je ne milite pas pour les ratés négligés. Elle a été plus franche que moi : elle est venue porter un jugement plus que sévère sur ce qui me touche peut-être le plus : ma façon d'être mère. Après les mots, l'incompréhension, les questions -et si elle avait raison ?-, la colère, les mots des autres qui apaisent, doucement. Et la conclusion que malgré, toute l'affection que l'on se porte, nous ne parlons pas le même langage, et que réouvrir le débat serait stérile. Mais après ?... Comment passer encore du temps ensemble, sans sentir le poids de son regard impitoyable sur moi ? Quelquechose est brisé. Et pour être honnête, je ne sais pas si je le regrette tant que ça. Cela me permettra peut-être de mettre entre nous la distance dont j'avais besoin, alors que ma lâcheté m'a empêché de le faire pendant si longtemps.

Cet évênement me donne juste envie de me réjouir de la présence de toutes les autres, les vraies, et de leur rendre hommage.

Il y a ma S. du lycée, le plus beau sourire au monde, cette humanité débordante, son réel amour des autres. Tous nos goûts "matériels" divergent à tel point que nous avons renoncé à nous faire des cadeaux... et cela nous fait rire ! Pour tout le reste, nous sommes deux âmes soeurs.

Il y a V. et A., le trio infernal des années d'études, mes premières amitiés d'adulte, "témoignant" deux par deux à chacun de nos mariages. A. la douce, si semblable à moi, comme ma soeur, dont les mots sont toujours des baumes sur mes maux. V. la faussement froide, si droite sur le chemin tortueux que la vie lui réserve, si sensible, posant des actes et des présents délicats qui font mouche là où les mots lui sont trop difficiles. Et le plaisir chaque fois renouvelé de nos retrouvailles, par deux, par trois, en famille, n'importe où et n'importe quand, dans le chagrin ou les moments de liesse, comme dans un mariage d'amitié.

Il y a C. l'entière, sans concession, qui ignore tout de la diplomatie. Elle ne connaît que le noir et le blanc, mais sa générosité est à la taille de ses emportements : sans fond. Elle donnerait un bras pour ceux qu'elle aime, et j'ai le bonheur d'en faire partie.

Il y a E. la discrète, qui a choisi de s'expatrier. Pleine d'attentions, nous souffrons souvent de la distance qui nous sépare aujourd'hui, surtout lorsque l'une de nous est dans la peine. Mais à chacune de nos retrouvailles, le même sentiment de bien-être : rien ne change.

J'espère leur être précieuse autant qu'elles me le sont. J'espère qu'il en sera toujours ainsi.

Photo : sac Melle Héloïse, La Marelle Editions

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Commentaires
M
@ eddie : oui, j'avais lu cela chez toi, je m'apprêtais à commenter lorsque j'avais été interrompue... comme tu le dis, ouf il y a les autres !
E
l'amitié est quelques chose de très important... j'ai parlé il y a pas longtemps des relations toxiques... mais heureusement, il y a toujours des ami(e)s sur lesquels on sait pouvoir compter :-)
M
@ Praline : et bien tu vois, ton témoignage aussi me parle, mais pour une autre lointaine situation... J'ai été il y a bien longtemps "marraine symbolique" d'un enfant pendant ses huit premiers mois, jusqu'à ce que sa mère, qui était une amie, m'informe quinze jours avant la cérémonie qu'elle avait changé d'avis. J'en ai été très peinée, j'étais attachée à ce petit garçon que je voyais souvent, je me sentais engagée, et j'ai eu l'impression de l'abandonner. Après plusieurs années, elle a tenté à deux reprises de redémarrer une relation avec moi (récemment encore), disant regretter amèrement ce qui s'était passé. Je n'ai pas pu.<br /> <br /> @ Pannecoucke : oui, tout cela, je pense que nous pouvons toutes l'écrire à un moment de notre vie... j'avais surtout envie de dire ma chance !<br /> <br /> @ Des Moulins : je suis allée relire ce message laissé chez toi... c'est bien d'elle qu'il s'agit. Comme tu le dis, ni bon ni mauvais, mais si le respect de l'autre et de ses choix n'est pas là, à quoi bon ? Jamais je ne me suis permis de lui dire qu'elle avait tout faux, parce que je pense que chaque parent, même imparfait, fait ce qu'il pense être le mieux pour son enfant. Mon souci, c'est que contrairement à toi, je ne me sens pas de taille à rompre à cause justement de nos engagements envers nos enfants respectifs. Mon fils de huit ans est très attaché à sa marraine, il a déjà beaucoup souffert de sa séparation avec son compagnon qui est son parrain -qui est un ami très proche- et je ne peux lui infliger cela. Ce sera une relation "minimum syndical", je ne partagerai avec elle plus rien de ce qui me touche. Nous devons nous voir lundi, pour les enfants, et je ne m'en réjouis pas !
D
Mim, un de tes commentaires chez moi prend aujourd'hui tout son sens...<br /> Je connais tellement ce que tu décris si bien aujourd'hui...<br /> Il y a un an, j'ai dénoué un lien avec une amie que je connaissais depuis plus de dix ans, parce qu'on avait changé, chacune différemment, parce que ses choix et sa manière de d'être, certaines de ses valeurs m'étaient étrangers. <br /> J'ai essayé d'en parler avec elle, mais elle était convaincue d'être dans le bon, moi aussi, on campait sur nos positions et ça n'apportait rien de bon.<br /> Alors, au lieu de nous balancer des horreurs, je suis partie, j'ai coupé les ponts.<br /> J'étais la marraine de son fils, et je ne le vois plus. Je sais qu'il s'en remettra...<br /> Je sais qu'elle m'en veut et qu'elle ne comprend pas. J'ai le coeur qui se serre quand je pense qu'elle dit du mal de moi, et qu'elle donne cette image-là au petit...<br /> Mais je crois qu'il faut pouvoir admettre certaines fois qu'on est trop différent pour vivre une amitié, et qu'il n'y a ni bons ni mauvais, mais juste des divergences d'opinion tellement fortes qu'elles ne sont pas réconciliables...
P
Ton message m'a ému. Nous avons toutes sur nos chemins des amitiés qui s'étiolent, d'autres qui se renforcent, des nouvelles qui nous bouleversent... Quelle belle déclaration ce message.
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