Mauvaise rencontre

Cette semaine, au programme (avant la gastro !), aller emprunter des livres avec mes garçons. Nous adorons ça. Les circonstances nous obligent à nous y rendre à un autre moment que d'habitude. Dès que nous arrivons, je le vois. Premier réflexe : faire demi-tour, presque dans un instinct de survie ! Mais mes fils auraient du mal à comprendre...

Lui m'a bien vue, et n'a pas l'intention de m'ignorer. Il semble très heureux de me voir, tu vas bien, ça fait un bail, je suis divorcé... Je suis stupéfaite de constater qu'en treize ans, à part ses tempes grisonnantes, il n'a pas changé. Toujours inconscient du déplaisir profond que sa présence me procure.

Lui qui m'a pourri deux années de ma vie. Je me suis laissée faire, lasse peut-être de ma solitude épisodique, bernée par l'assurance que lui donnait ses quelques années de plus que moi et par nos affinités intellectuelles. J'ai mis le pied dans l'engrenage avant de comprendre réellement ce qu'il était : mythomane, menteur pathologique, hypocondriaque, manipulateur, d'une jalousie maladive... Il m'a fait vivre un enfer. J'ai dû le quitter trois fois pour y parvenir enfin. Ensuite, il m'a harcelée une année entière. La peur, en rentrant le soir dans mon nouveau studio, de le trouver sur mon paillasson. La colère de le trouver à la sortie de mon nouveau travail. Les lettres incessantes, le répondeur téléphonique bourré, les menaces de suicide... J'ai compris comment on peut tomber dans une relation perverse et ne pas être capable de sortir la tête de l'eau, même si tout nous ordonne de partir. Parce que ces manipulateurs sont très, très forts.

Cet homme, finalement, m'a apporté beaucoup. Vivre à ses côtés m'a permis de flairer les gens comme lui à cent pas, et de m'en tenir éloignée comme de la peste. Il m'a fait me sentir assez mal pour que je décide enfin de faire un travail sur moi qui m'était largement nécessaire. Il a sublimé les qualités (bien existantes, certes !) de mon amoureux, mon MisterT, qui après cela m'est apparu si droit, si franc, si gentil, si sain, et qui a restauré ma confiance en les hommes.

Mais il m'a laissé aussi des blessures, profondes, ancrées, qui resurgissent parfois lorsque je ne m'y attends pas, et qui me donnent des réactions incompréhensibles pour qui ne connaît pas mon histoire avec lui. J'ai réussi à partir, et j'ai là une pensée pour toutes celles qui subissent des violences au sein de leur couple, qu'elles laissent des traces visibles ou non. Je me réjouis qu'une loi arrive, qui prenne en compte la souffrance de ces femmes brisées sans jamais avoir reçu le moindre coup.

Le savoir à nouveau si près me glace, et il est certain que ces prochains temps, je ne fréquenterai plus cette petite ville voisine que j'aime tant. Jusqu'à ce que je l'oublie à nouveau un peu...

Comments

[Névrosia]

Oui, visiblement tu es tombée sur un grand malade qui n'est pas en plus visiblement capable de repentir. Pense à tout ce que tu as construit de beau depuis lui et ça te donnera la force de ne plus le laisser te gâcher la vie.

Bisous

[mim_]

@ ingrid : C'est loin à présent. Je n'ai juste pas trop aimé la petite piqûre de rappel ! Je ne me sens plus si menacée, mon homme est là.

@ Lune : Merci. Ca va, je digère...

@ Névrosia : Oui. Le détail est plus effrayant encore, je te l'épargnerai donc !
Mais ton Zubial qui me tentait presque (l'extrait que tu as choisi est tellement sympa !), je crois que je ne peux pas. La différence avec le Zèbre, c'est que toutes les merveilleuses petites surprises qu'il m'a concoctées se sont toujours terminées en catastrophe.
Et moi qui aime tant Brel, je ne supporte pas d'entendre "Ne me quitte pas", ça me rend malade.

[Névrosia]

Effrayant ! C'était lui ton mauvais zèbre ?

[Lune]

oula... Terrain mine...
Beaucoup de courage, beaucoup d'oubli, beaucoup de "tout va pour le mieux aujourd'hui"

[ingrid]

On sent toute la souffrance qu'il t'a infliger...
plein de bizzz de courage...