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madame mim
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madame mim
20 juillet 2012

La mélasse

Je l'ai vu à son regard en rentrant, hier : ça y est, il sort de sa mélasse. Un truc qui lui arrive trois ou quatre fois l'an, qui démarre avec un détail, une situation désagréable, quelquechose qu'il n'a pas réussi comme il l'aurait souhaité, une parole blessante (ou ressentie comme telle)... et voilà les vieux démons qui rappliquent, il part au fond de sa caverne et devient hermétique à son entourage. A moi en premier, aux enfants qui ne doivent alors plus bouger, plus parler, à notre vécu quotidien. Là juste pour le strict nécessaire.

Au début de notre vie commune, je ne comprenais rien. Je paniquais, pensant qu'il voulait me quitter, je cherchais le dialogue, je lui tirais les vers du nez, je suppliais, je pleurais, même. Un jour, j'ai compris. Que je ne suis pas responsable, et surtout que je n'ai strictement aucun pouvoir de le ramener avant qu'il ait le déclic. Que ce sont de vieilles blessures réactivées qui le font plonger. Le constat d'impuissance a eu du mal à passer, mais ça y est, j'ai compris. Il y a eu un temps terrible où la mélasse était devenue l'ordinaire, et la vraie vie l'exception. On n'en est plus là -Dieu merci-, mais je ne suis pas naïve, je sais qu'elle reviendra, la mélasse.

Aujourd'hui, quand il s'enferme, moi, je m'éloigne. Je sauve ma peau. Je refuse de plonger avec lui, de me faire bouffer toute cette énergie alors que j'en ai tellement besoin ailleurs, le boulot, la vie de la maison, et surtout les enfants, à qui je refuse de faire porter double peine. Souvent, encore, je lui en veux, d'avoir ébauché un  travail et de ne pas être allé au bout, de ne pas nettoyer une bonne fois pour toutes ces souffrances, même si c'est un mauvais moment à passer (je sais de quoi je cause, je l'ai fait, moi). Il y a des moments que je garde en rancune, comme ces cinq premiers jours de vacances à la mer, l'an passé, qu'il nous a volés. Et quand il revient, moi, je n'arrive pas -plus- à lui ouvrir les bras, d'emblée, comme si rien ne s'était passé. Je me sens un temps en "convalescence", j'ai besoin que le contact se rétablisse progressivement, je temps que je digère cette nouvelle période off. Et le temps de me retrouver, moi, parce que malgré mes barrières, la mélasse, c'est vachement fatigant.

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Commentaires
M
@ Christiane : J'ai très envie de te suivre, là... la sagesse ?
C
Pas complètement ironique, c'est vrai, après 45 ans, on sait que le temps est venu de mettre de côté certaines problématiques et de se tourner vers le présent et tout ce qu'il peut apporter de positif. Les douleurs passées demeurent mais on "surfe" plus facilement sur elles.
M
@ Chrisitane : j'adorerais te croire, mais pourquoi donc ai-je la sensation d'une pointe d'ironie ? Est-ce à nous, femmes, de prendre le large pour ne plus se laisser atteindre ? Et pis 45 ans, ça va venir vite mais ça me paraît encore loin...
C
;-)<br /> <br /> juste pour détendre l'atmosphère et pour rire de moi, vous verrez les filles, après 45 ans, tout s'arrange!
M
@ Mamanlit : En voilà une idée qu'elle est bonne !!!
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