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madame mim
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madame mim
28 juillet 2010

Ce petit homme

Petit nez retroussé, taches de rousseur, une grande vivacité se dégage de lui. Il a douze ans, en paraît huit au plus.

Il parle, vite, très vite, fort, tout le temps. Il est très pertinent, très futé. Pose une question et enchaîne sur dix autres sans en avoir écouté la réponse. Il occupe en permanence tout l'espace sonore, dans une sorte de panique de laisser s'installer le blanc. Au début, il est fascinant, tant d'énergie dans un si petit bonhomme ! Amusant, même. Très vite, il devient fatigant, épuisant nos oreilles et notre pensée qui demandent grâce.

      

Un jour, en vacances avec d'autres, il a envoyé une carte postale à sa mère.                               "Pour qu'elle m'aime", a-t-il dit. Parce qu'elle ne l'aime pas. Il le sait, elle le lui a dit. Elle ne lui offre que son indifférence.

Alors il gesticule, en permanence. Essaie d'occuper toute la place dès qu'il est en société. L'espace, en bougeant, en courant, en sautant, en provoquant sans cesse ses pairs, et puis il fait du bruit. Il bavasse, discutaille la moindre idée, épuise ses interlocuteurs par sa volonté impérative d'avoir le dernier mot, toujours. Ne jamais lâcher. S'il lâche, il n'existe plus. Au moins, lorsqu'on se fâche, qu'on le trouve insupportable, qu'on le supplie d'arrêter, il ne nous indiffère pas. Il préfère nous exaspérer que disparaître.

Au milieu de toute cette agitation, il observe les autres sans relâche. Sa souffrance se voit lorsqu'il repère un geste de tendresse, un moment doux qui ne lui est pas destiné. Il essaie d'en absorber un peu, se rapproche doucement, comme un petit chat sauvage, flaire ce sentiment inconnu. La mère en moi ruisselle lorsque je surprends un de ces moments-là. Que cette femme a dû souffrir, pour n'être pas capable d'aimer son enfant.

Comment grandit-on lorsque notre mère ne nous aime pas ? N'est-on pas condamné à rester un tout-petit, en quête perpétuelle de cet amour que la légende voudrait inconditionnel et sans fin ?

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Commentaires
M
@ attrappeurdereves : oui, j'espère vraiment que l'amour le rattrapera et pansera ses plaies...
A
Ce témoignage est poignant...il me laisse sans mot. Lorsqu'on est pas aimé par sa mère la blessure saigne...longtemps et ne se referme jamais totalement...Pourtant la roue tourne. La vie réserve des surprises à ces enfants, de belles surprises...puis un jour l'Amour vient d'ailleurs, mais il vient...et là on savoure chaque seconde qui passe en priant pour que cela ne s'arrête jamais.
M
@ sophie : je l'espère aussi !<br /> <br /> @ Luna : comme toi, cela me donne encore plus envie de ne pas oublier de dire à mes enfants que je les aime...<br /> <br /> @ Névrosia : le papa fait ce qu'il peut, mais il ne comble pas le vide. Et ce comportement dont tu parles, je l'ai très souvent, trop souvent observé au boulot chez des enfants ayant des carences affectives, tous ces petits visages en attente que je n'oublierai jamais... mais cet enfant-là me touche d'un peu plus près, c'est d'autant plus difficile à accepter.<br /> <br /> @ Christiane : oui, envie de lui dire qu'il n'est pas là par hasard, pour rien, malgré tout.<br /> <br /> @ ingrid : je sais à quel point il est difficile, lorsque l'on est privé de ce bonheur-là, de se dire que tant d'enfants sont mal aimés. Je souhaite de tout coeur que tu puisses prochainement en chérir un toi aussi... celui-ci ne manquera de rien !
I
Et il y a des mamans, comme nous, qui ne demanderaient qu'à aimer et chérir un enfant...
C
Troublant... Envie de le rassurer.
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