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madame mim
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madame mim
11 octobre 2014

De l'éducation

L'éducation, c'est être occupé à chaque seconde où tu n'es pas au boulot, c'est remplir des milliards de papiers tout le mois de septembre (et faire presque autant de chèques), c'est faire des listes à n'en plus finir pour essayer de synthétiser les besoins et revenir des courses en ayant à chaque fois oublié un truc urgent, c'est choisir les activités en fonction de leur emploi du temps -lequel changera forcément début octobre, quand les cours de tennis auront débuté et que finalement il ne peut pas y aller.

L'éducation, c'est mille fois répéter, imposer la taxe électricité à 1 euro par lumière non-éteinte, c'est accrocher un mode d'emploi dans les toilettes, c'est se demander pourquoi le tapis de bain sent le couloir de métro, c'est le lave-vaisselle vidé au quart déjà garni des bols de lait du petit-déj' (qui ont dégouliné sur le reste), ces sont les sacs jetés entre l'entrée et le couloir, les vestes sur les chaises du séjour, le sac de piscine du lundi vidé le dimanche (ierk), c'est trouver des BD qui devraient pas y être sous le matelas en changeant les draps, c'est découvrir que la consommation frénétique de brosses-à-dents est dûe au fait que pour s'asticoter, entre frères, ils les aspergent de déo (ou pire ?), c'est demander cent mille fois le silence en voiture pour éviter l'accident, c'est la guerre des devoirs versus l'été indien, c'est retrouver 4 tee-shirts fraîchement lavés roulés en boule dans le bac à linge (pour éviter d'avoir à les ranger ?), c'est la table de la salle-à-manger (vous ai déjà parlé de ma table ? 2,70 mètres d'orme massif...) qui se recouvre à la vitesse de l'éclair alors que ça t'a pris la matinée pour la vider, c'est les nouveaux peignoirs de Jedi roulés en boule sous le lavabo alors que tu leur a offerts pour éviter les serviettes roulées en boules sous le lavabo, c'est le rouleau de papier toilette vidé-non-remplacé, le paquet de gâteaux vide qu'a pas trouvé le chemin de la poubelle, les montagnes de chaussettes non retournées avant lavage (je fais grève : à l'endroit, elles sont roulées par deux et rangées ; à l'envers elles restent en vrac dans la bassine, à chacun de piocher).

L'éducation, c'est souvent se demander si cette fois il faut aller aux urgences, c'est un jour se rendre compte que quand il faut y aller, c'est quand tu te poses pas la question, c'est souhaiter avoir mal à sa place, c'est avoir envie de taper l'urgentiste qui te demande à 17h30 "elle est à jeûn ?" (à ton avis duc... ?!), c'est l'estomac à l'envers quand il te balance "c'est opératoire", puis quand il te dit "finalement non, on va juste plâtrer, prenez RDV demain avec le chir" (mais demain c'est samedi, alors le RDV tu le prendras lundi), c'est avoir la rate au court-bouillon tout le week-end et ne pas fermer un oeil, c'est rappeler lundi 8h, 9h, 10h30 et qu'on te dise "quand le chirurgien sort de salle d'op' on vous donne un RDV", c'est te faire rappeler au boulot à 11h30 et qu'on te demande "elle est à jeûn ? Faut l'amener tout de suite !", c'est l'attendre et trembler 3 heures quand on t'a dit que ça dure 10 minutes (les plus longues de ma vie), c'est pleurer de reconnaissance quand tu vois que les doudous sont revenus de la salle d'op' avec la même charlotte et le même bandage à la patte droite qu'elle, c'est se dire "finalement ce n'est qu'un bras cassé" (les deux cubitus, a-t-elle raconté à ses copains d'école), et puis ne pas en revenir de la voir se remettre au dessin de la main gauche, presque aussi bien.

L'éducation, c'est se sentir parfois bien seule à ramer, la faute aux horaires, la faute à pas-de-chance ou la faute à la fatigue, c'est parfois ne pas se rejoindre, c'est en avoir marre d'entendre brâmer, c'est rêver de déjeuner en paix, de la trêve dominicale, c'est souhaiter que de temps en temps, il lâche un peu la bride, il arrête d'être sinistre et que tout devienne léger, qu'il ne soit pas agacé par un enfant qui chante, qu'il n'attende pas tout de moi, que lorsque je rentre à 19h la table soit mise, le dîner soit prêt, les enfants soient douchés, c'est espérer qu'un jour il ait la même priorité : que les enfants soient couchés sans tarder pour alléger la galère du matin qu'il ne connaît pas, c'est avoir envie, tellement envie que le planning de la famille soit partagé et ne pas devoir être la seule à penser aux rendez-vous, c'est s'oublier et être souvent fatigué.

 

Ce soir, nous avons vu une expo de bonsaïs, et au-delà de tout le travail et de toute la symbolique que je ne maîtrise pas, j'ai eu le coeur serré. Ca ne me plaît pas, ces arbres torturés. L'éducation, c'est un peu ça : ne pas vouloir en faire des bonsaïs, conformes mais étriqués ; ne pas les laisser devenir forêt vierge, envahissante, sans projets ; tenter d'élaguer juste où il faut, juste assez pour qu'ils trouvent la lumière, n'aient pas besoin de tuteur, portent des fruits. Faut le dire aux futurs parents : c'est un job à plein temps.

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Commentaires
N
Mon fils raffole des bonsais, je vais tous les jeter ! :-)<br /> <br /> Bien des bisous
S
;-)
D
Ouille ouille ouille ce bras cassé ! On a mal pour elle ! <br /> <br /> j'espère au moins qu'elle a un beau platre blanc sur lequel elle va pouvoir laisser s'exprimer sa créativité!
S
Tout pareil que chez moi ... et espérer qu'un jour il ait la même priorité je crois que j'en ai assez d'attendre ...
V
Tu l'as écrit pour moi...
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