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madame mim
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madame mim
15 janvier 2012

Les tourments

Il a pris la parole à table, pendant le déjeuner, et il a raconté. La première voiture de pompier, le secouriste qui se précipite sur son talkie-walkie, l'arrivée du gros camion à fond dans la cour, tous ces gens qui courent, puis l'hélicoptère, et les larmes dans les yeux de son maître. Cette scène vécue derrière la baie vitrée de sa classe l'a marqué profondément, pour longtemps je crois. Le directeur n'est pas revenu, et ne reviendra plus, c'est fini. Depuis cette semaine fatidique de décembre, il en a souvent parlé, comme on l'a encouragé à le faire, mais jamais il n'a donné autant de détails, n'a retracé toute l'histoire minute après minute.

Il a accepté de voir la psychologue scolaire comme on le lui propose. Il m'a demandé de l'accompagner. J'ai aussi pris rendez-vous pour lui chez une personne qui m'a déjà beaucoup aidée. Il pourra parler de cet homme qu'il a beaucoup apprécié, tombé si brutalement. Il parlera sans doute aussi de lui qu'il évoque beaucoup en ce moment, de sa tristesse de ne pas l'avoir connu, du manque qu'il sent gravé dans les chairs des membres de sa famille... les questions remontent "étrangement" aujourd'hui, jour de triste anniversaire, alors que nous ne l'avons pas évoqué -mais il sait, bien sûr.

Tout cela est-il en lien avec ses autres difficultés ? La concentration toujours insuffisante, la lenteur, le manque de courage, parfois, de persévérance. Il est capable de m'épeler un mot juste, puis de l'écrire cinq fois faux, avec cinq orthographes différentes. Tout cela a toujours été depuis qu'il est écolier, et ne l'empêche pas d'avoir des résultats corrects. Mais malgré les efforts d'un enseignant formidable cette année, je sens qu'il plonge, qu'il se braque plus vite, qu'il se fâche plus fort. Je veux bien tuyaux et bonnes idées pour sortir de l'engrenage !

Je me suis sentie vaguement coupable après cet épisode. De n'être pas assez entrée dans l'esprit de Noël cette année, d'avoir sorti peu de déco, de n'avoir pas assez joué avec eux, avec lui, pas assez bricolé comme il en avait tellement envie. De ne pas lui avoir changé les idées... comme si cet "excès d'orgueil" (définition de la culpabilité selon mon ancien psy, se sentir coupable, c'est aussi s'imaginer que l'on a le pouvoir de changer le cours de la vie... nous ne l'avons pas !) aurait pu changer quelquechose. Il va devoir faire son chemin, comme chacun d'entre nous. Faire taire la colère, avancer, apprivoiser le manque. Nous allons devoir l'aider à se réjouir de ce qu'il y a de beau, d'être heureux de ce qui est sans toujours se plaindre de ce qui n'est pas. Pour citer Soeur Emmanuelle, "avoir l'humilité d'accepter ce qui ne peut être changé, le courage de changer ce qui peut l'être, et la sagesse pour distinguer l'un de l'autre". Et si on commençait par nous ?...

 

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Commentaires
N
http://scolaritepartenariat.chez-alice.fr/page104.htm<br /> <br /> <br /> <br /> Vois le centre le plus proche de chez toi, prends rendez-vous, mais les délais sont très longs. En attendant demande une ordonnance à ton toubib et fais-lui faire un bilan orthophonique complet remboursé par la sécu (français et logico-mathématiques : GEPALM) et un bilan ergothérapique, là c'est 90 euros de ta poche, mais tu auras des débuts de réponses pour l'aider le mieux possible et l'encourager. Quand ils baissent les bras c'est le pire !<br /> <br /> <br /> <br /> On en parle par mail si tu veux. Biz
E
Je refais lentement surface sur le net et je viens te lire. En découvrant ce billet, mon cœur se serre car c'est le cœur d'une maman dont l'enfant vient d'être diagnostiqué comme porteur d'un handicap. Et je me dis que, peut-être, ton fils mériterait d'être vu par un spécialiste parce que parfois, les petits riens qu'on remarque, lorsqu'ils sont mis bout à bout par un pro prennent sens et parce qu'à cette occasion on apprend qu'il existe des handicaps dits invisibles ... Et crois-moi, si découvrir ce diagnostique est forcément une souffrance, c'est aussi un soulagement car ça met, enfin,un mot sur les maux.<br /> <br /> Courage, tiens-nous au courant !
M
ça fait plusieurs fois que je viens, plusieurs fois que je lis ton texte. Et je ne sais pas quoi écrire. J'ai du mal comme toi avec la tristesse et la peine de mes enfants. Je me sens impuissante et je déteste ça.
C
Coucou,<br /> <br /> c'est toujours triste quand un enfant va mal, encore plus quand c'est le notre. Je pense que tu as fait exactement ce qu'il fallait en l'encourageant à parler, en l'écoutant. Tu es attentive et je suis certaine qu'il le sait, qu'il le sent.<br /> <br /> Peut être devrais tu profiter du fait qu'il voit ce psychologue pour aborder avec ce dernier les difficultés rencontrées par ton petit. Parles en également avec son enseignant puisque tu as la chance qu'il soit ouvert.<br /> <br /> Et ne culpabilise pas (c'est la reine de la culpabilité qui te dit ça ahah). Tu as le "droit au décrochage" comme je dis. <br /> <br /> Mais comme ton fils, verbalise, ça te fera du bien.<br /> <br /> Besitos
S
Je n'ai pas la solution qui va bien, mais en même temps la lecture de ton billet me laisse penser que ce petit, moyen (!), garçon est bien entouré pour faire face et avancer dans la vie...
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