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madame mim
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madame mim
9 septembre 2010

La colère

La colère, c'est celle qui m'envahit, sournoisement, insidieusement, depuis des années, mais qui enfle et que je ne vais plus pouvoir contenir. Ce billet, j'en ai eu envie mille fois, j'aurais tourné ça à la rigolade... je n'ai plus envie de rire.

Parce que les convenances dirigent toute leur vie. On fait ce qu'il faut. Accrocher un tableau qu'on nous a offert même si on le trouve hideux. Partir en voyage tous les deux ans avec des gens qu'on n'aime pas, parce qu'on le fait depuis trente ans. Acheter cette marque de voiture, la seule valable, et ne pas comprendre que notre véhicule soit d'une autre marque. Ne pas imaginer un instant que nous n'avons pas leurs moyens, ni pour nous rendre dans CE resto chic, ni pour nous offrir CE canapé, et ne pas comprendre pourquoi nous nous contentons de cela.

Parce qu'à chaque fois qu'on leur propose une sortie, histoire de se voir en terrain neutre, leur première réponse est : "Est-ce que les chiens sont admis ?". Parce que j'ai tremblé des années de voir tomber l'un de mes enfants dans le bassin de leur jardin, et qu'une barrière y a été installée lorsque le chien est arrivé. Parce que même Elle rêverait d'avoir même une parcelle des caresses qu'Il prodigue à son chien, tellement plus obéissant que mes enfants. Parce que ce foutu clébard a fait pleurer mon fils un soir de Noël en mangeant ses Playmobils.

Parce qu'ils fondent d'admiration devant des gens parvenus, sûrs d'eux, très "comme-il-faut", et tellement bas de plafond humainement parlant. Parce que toute leur vie est basée sur des relations mondaines, superficielles, et qu'ils sont incapables d'écouter jusqu'au bout une seule phrase de leur petit-fils tellement heureux de leur raconter ses vacances.

Parce que son besoin de contrôle dépasse l'entendement, qu'Elle tente de vêtir mes enfants histoire d'être sûre que je ne fasse pas de faute de goût, parce que mes tiroirs ne sont pas rangés dans l'ordre qu'il faudrait. Parce qu'elle est persuadée qu'elle est le respect incarné, et qu'elle n'imagine pas un instant à quel point elle est intrusive et irrespectueuse de nos choix de vie -mais c'est pour notre bien.

Parce qu'il a trouvé un autre moyen qu'Elle de tenir les rênes : la résistance passive. Mettre un point d'honneur à ne jamais faire ce que l'on attendrait de lui. Parce qu'il ne sait rire qu'au dépens des autres, qu'il a le talent de LA remarque qui tue lorsqu'on est en droit d'attendre, sinon du soutien, au moins un peu de bienveillance. Parce qu'il tape du pied s'il veut monter dans le téléphérique, maintenant, tout de suite, et qu'il ne peut pas parce que sa petite fille s'est endormie. Parce que je suis la seule qu'il zappe à chaque apéro. Parce qu'il est en train de saboter par le seule force de sa connerie l'oeuvre que son fils a mis une année à accomplir. Parce qu'il a deux ans d'âge affectif, et qu'il se comporte comme le petit frère de son fils.

Parce que, bien qu'ayant vécu le pire, ils sont incapable de préserver le peu qui leur reste, par un peu d'humanité (attention, ce n'est pas un jugement, je sais que leur douleur est insondable et j'espère juste ne jamais l'éprouver). Parce qu'ils oublient dans leur souffrance que leur fils est devenu brutalement fils unique à 23 ans, et que pour lui aussi, c'est un déchirement irréparable, un combat quotidien.

Parce que depuis douze ans, je vois mon homme, mon amour, jouer au yoyo en fonction de leur état d'esprit, de leur attitude, de leurs mots. Parce que nous subissons, lui, nos enfants et moi, la noirceur de ces abîmes. Parce qu'ils ne sont pas foutus de voir que leur fils sombre, et qu'ils en sont en partie responsables. Parce que le yoyo ne remonte plus, et que je tremble que le fil ne soit rompu.

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Commentaires
M
@ Des Moulins : merci... il est surtout sorti comme un truc qui couve depuis trop, bien trop longtemps...<br /> <br /> @ Françoise : Bienvenue ! Oui, il est très important de donner notre vision des choses à nos enfants. Pas plus tard qu'à midi, grande conversation avec mon cadet, parce que son grand-père l'a traité de "trouillard" parce qu'il refusait de faire un trajet sur le siège avant de sa voiture (à 7 ans !). Je l'ai félicité de sa position, et l'ai encouragé à exercer son sens critique dans ce genre de situation. Mais c'est terrible, même depuis ce billet, plus on avance et moins je leur trouve d'excuses, moins je les supporte, moins j'ai confiance en eux et moins j'ai envie de faire des efforts...<br /> Pour vous, sans doute est-il préférable de ne pas vous être rapprochés ! La distance géographique en est déjà une...<br /> Pour l'expo, toujours pas vue (et je commence à douter), toujours d'autres priorités... et puis c'est à plus de deux heures pour moi, et cela nécessite une organisation que je n'ai pas encore su mettre en place !
F
Un peu "bizarre" l'impression d'abord les memes BP (sans le chien!!!)...cela reste douloureux malgré sa colere sortie.<br /> Nous sommes trés loin , Alsace/Ouest,pour le travail bien sur...sans avoir pu faire le choix un jour de rapprocher , meme aprés le deces brutal de son frére. Avec les enfants nous parlons de la difference de voir la vie (ils st + agés )Prenez soin de vous et vos petits, cela reste l'essentiel .<br /> Et cet expo à Baden-Baden l'avez vs vu? Je me demandais si cela valait la peine, D'un autre cote je risque rien 3/4 de route...
D
J'arrive avec retard... Il est vachement bien écrit, ce billet!
M
Ah oui, le coté matériel. Ici aussi. Si nous avons notre maison, c'est un peu grâce à elle. Si je ne suis pas obligée de me taper tout à pattes depuis l'accident, c'est grâce à sa voiture. Mais tu le crois toi qu'elle téléphone pour prendre des nouvelles de SA voiture ??? <br /> Ces aides sont malheureusement parfois plus chères payer que le véritable coût financier. Mais souvent, pas le choix.
M
@ Névrosia : Oui, il est certain que la disparition de son frère a décuplé la culpabilité de mon homme... au début de notre histoire, il culpabilisait d'être heureux "quand même", alors que ses parents ne remontaient pas.<br /> Mon aide ? Je la sens parfois bien impuissante...<br /> <br /> @ Mamanlit : Bienvenue à toi ! Il semble que cette problématique soit récurrente, et que partout elle engendre les mêmes souffrances. Ferons-nous mieux avec nos propres enfants ? Je l'espère tant !<br /> Tu es bien sage de pratiquer cet éloignement. J'amorce. Tu vois, par ici, je crois que la culpabilité est augmentée parce qu'ils sont toujours là sur un plan matériel (chance que beaucoup n'ont pas, j'en suis consciente), mais il faut demander et payer ensuite le prix fort de leur droit de regard. Pour tout le reste, ils semblent là, n'oublient pas de date, mais je ne les sens en aucun cas investis et respectueux.<br /> <br /> @ Julie : Merci ! Le principe, c'est en haut-en bas-en haut-en bas... il reste un paquet de boulot pour que le fil se range !
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